Nicolas IV était mort depuis plus de deux ans, et les cardinaux laissaient le siège pontifical vacant. Pierre était ermite. Dans sa grotte de Morrone, il reçut l’ordre de Dieu d’écrire au sacré Collège pour leur reprocher leur attitude. A la lecture de cette lettre, une inspiration commune saisit tous les cardinaux : c’était là le Pontife que la Providence destinait à l’Eglise. Elu à l’unanimité, bien qu’il ne fut ni cardinal, ni même évêque, c’est derrière une grille de sa grotte que l’aperçut l’archevêque de Lyon, député pour lui annoncer son élection : c’était un vieillard, le visage amaigri, exténué par les jeûnes et les veilles, couvert de vêtements grossiers. Quand il sut la décision du Sacré Collège, Pierre se mit à pleurer… il ne pouvait refuser. Pourtant, très vite il se vit dans l’impossibilité de gouverner : inexpérimenté dans les affaires de ce monde, le futur Boniface VIII avait plus d’influence sur lui. Alors, il abdiqua : il tardait au pieux vieillard de retrouver son ancienne vie, mais la résidence que son successeur lui avait donnée était une prison. •