Un constitutionnaliste allemand soutient l’interdiction polonaise de l’avortement eugénique

Je me suis récemment penché sur un dossier juridique passionnant qui traverse les frontières européennes et soulève d’importantes questions constitutionnelles. Le professeur Karl Albrecht Schachtschneider, éminent juriste constitutionnel allemand, a pris position en faveur de la décision polonaise d’interdire l’avortement pour motif d’anomalie fœtale. Cette prise de position mérite notre attention car elle établit un parallèle direct avec la situation allemande et soulève des questions fondamentales sur **la protection de la dignité humaine** dans le droit européen contemporain.

La position du constitutionnaliste allemand face à la décision polonaise

Le professeur Schachtschneider, juriste réputé pour ses analyses pointues du droit constitutionnel allemand et européen, a publiquement défendu la récente décision du Tribunal constitutionnel polonais. Cette décision historique, rendue en octobre 2020, a invalidé la disposition permettant l’avortement en cas de « malformation grave et irréversible du fœtus ». J’ai pu constater, en étudiant ses déclarations, que le constitutionnaliste ne se contente pas d’approuver cette position : il la considère comme parfaitement alignée avec les principes fondamentaux du droit constitutionnel.

Dans son analyse juridique détaillée, Schachtschneider affirme que la décision polonaise respecte pleinement le principe de dignité humaine inscrit dans de nombreuses constitutions européennes. Son argumentation repose sur le postulat que « la vie humaine commence dès la conception » et que, donc, « la protection constitutionnelle doit s’étendre à l’enfant à naître, indépendamment de ses caractéristiques physiques ou génétiques ».

En examinant les documents officiels, j’ai noté que le professeur établit un lien direct entre la notion d’avortement eugénique et les dérives historiques du XXe siècle. Il considère que *permettre l’élimination de fœtus sur la base de leurs caractéristiques génétiques constitue une forme moderne d’eugénisme* contraire aux valeurs fondamentales inscrites dans l’ordre juridique européen après la Seconde Guerre mondiale.

Cette position s’inscrit dans un contexte juridique complexe où les différentes traditions constitutionnelles européennes s’affrontent sur la question de l’équilibre entre autodétermination de la femme et protection de la vie prénatale. Mon analyse des textes juridiques révèle que Schachtschneider privilégie clairement une interprétation où la protection de la vie dès sa conception prime sur d’autres considérations.

L’appel à une réforme similaire en Allemagne

Ce qui retient particulièrement mon attention dans cette affaire, c’est l’appel du professeur Schachtschneider à transposer cette interdiction en droit allemand. Après avoir étudié en profondeur la législation allemande actuelle, je constate qu’elle autorise l’interruption de grossesse jusqu’à 12 semaines dans le cadre du système dit de « conseil » (Beratungsregelung), et sans limite de temps en cas de pathologie fœtale grave.

Le constitutionnaliste considère cette situation comme *contradictoire avec l’article 1 de la Loi fondamentale allemande* qui protège « l’intangibilité de la dignité humaine ». Dans plusieurs interventions publiques que j’ai pu analyser, il affirme que la Cour constitutionnelle fédérale allemande n’a pas suffisamment protégé la vie prénatale dans ses décisions antérieures.

Schachtschneider développe une argumentation juridique structurée autour de l’idée que la sélection prénatale sur critères de santé contredit fondamentalement les valeurs constitutionnelles allemandes. Il rappelle que la Loi fondamentale allemande a été élaborée en réaction aux atrocités nazies, incluant des programmes d’eugénisme et d’euthanasie. Selon lui, permettre l’avortement spécifiquement pour des raisons liées aux caractéristiques du fœtus constitue une rupture avec cet héritage constitutionnel.

Mes recherches sur les travaux antérieurs du professeur révèlent une constance remarquable dans sa défense des droits fondamentaux, notamment concernant la protection des personnes vulnérables. Je note que sa position sur l’avortement s’inscrit dans une vision plus large où l’État a le devoir constitutionnel de protéger la vie humaine contre toute forme de discrimination, y compris prénatale.

Les implications européennes d’un débat constitutionnel

En tant qu’observateur attentif des institutions européennes, je perçois dans cette controverse des enjeux qui dépassent largement les frontières polonaise et allemande. La question soulevée par Schachtschneider touche à *la marge d’appréciation des États membres face aux valeurs communes européennes* et à l’articulation entre droits nationaux et droit européen.

L’analyse des différentes traditions constitutionnelles en Europe montre une grande diversité d’approches concernant la protection de la vie prénatale. Certains pays comme l’Irlande ont longtemps maintenu des restrictions strictes, tandis que d’autres comme les Pays-Bas ont adopté des législations plus permissives. Cette diversité reflète des conceptions différentes de l’équilibre entre les droits du fœtus et l’autonomie reproductive des femmes.

Je remarque que le débat juridique initié par Schachtschneider soulève également la question fondamentale de la hiérarchie des droits fondamentaux. Lorsque deux principes constitutionnels entrent en collision – ici la protection de la vie prénatale et le droit à l’autodétermination – comment déterminer lequel doit prévaloir? Les constitutions nationales et les cours constitutionnelles apportent des réponses différentes à cette question.

Ce débat constitutionnel, dont j’ai suivi les multiples ramifications, illustre parfaitement *les tensions inhérentes à la construction d’un espace juridique européen commun* tout en préservant les identités constitutionnelles nationales. La position de Schachtschneider, qu’on la partage ou non, contribue à enrichir une réflexion essentielle sur les fondements éthiques et juridiques de nos démocraties européennes.

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